Alain Resnais entre en scène

Publié le par chiara

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Infatigable, en pleine forme, le vannetais Alain Resnais revient sur la Croisette trois ans après « Les Herbes Folles » primé à Cannes. Portrait d’un passionné, qui a tenu sa première caméra il y a 75 ans !

 

« J’ai voulu témoigner de l’énorme affection que j’ai pour ces quinze comédiens et rendre hommage au cinéma et au théâtre » explique Alain Resnais, à propos de son dernier film. Très détendu, chemise rouge et grosses lunettes noires, le réalisateur à beau avoir…90 ans, il est en pleine forme et ravi d’être entourée de sa « bande » : son duo fétiche Sabine Azéma et Pierre Arditi, mais aussi Mathieu Amalric, Anny Duperey, Michel Piccoli, Lambert Wilson ou Hyppolyte Girardot.

« Vous n’avez encore rien vu » démarre par l’annonce de la mort d’Antoine d’Anthac (Denis Podalydès), célèbre auteur de théâtre. Il a pris des dispositions pour que tous les acteurs qui ont interprété sa pièce « Eurydice » d’Anouilh se retrouvent dans son immense maison. Et visionnent ensemble la reprise de cette même pièce par une jeune troupe. En assistant à la projection, les comédiens rééditent leurs prestations, même s’ils n’ont plus l’âge de la jeune Eurydice… Une réflexion sur la vie, la mort,  la mémoire et le théâtre qui déboussole un peu : les acteurs jouent leur propre rôle, dans une fiction réaliste à plusieurs entrées, qui fait penser à « Smocking-No Smoking » pour lequel il avait été primé à Berlin en 1993.

Vannes et éclectisme

« Rien ne ressemble moins à un film de Resnais qu’à un autre film de Resnais » résume habilement Pierre Arditi. Quand on se penche sur la filmographie du réalisateur, né à Vannes en 1922, et tombé dès 14 ans dans le cinéma -il tourne dès cet âge là ses premiers films en 8mm-, la remarque est juste. L’homme aime l’éclectisme. Ce fils de pharmacien, à la santé fragile, se passionne petit pour la lecture (surtout André Breton), et les premières BD. Après des débuts à apprendre le métier en tournant des documentaires, le jeune homme se lance et c’est un coup de maître. Il a 38 ans quand sort sur les écrans « Hiroshima mon amour » l’histoire d’une cinéaste française qui passe une nuit d’amour à Hiroshima, avec un architecte japonais. Puis l’amour et la guerre sont au rendez-vous pour « L’année dernière à Marienbad » (1961) mais aussi le théâtre de boulevard « Mélo » (1986), la comédie musicale « On connaît la chanson » (1997) ou dernièrement « Les Herbes Folles » légère comédie de couple, primée à Cannes en 2009.

« Il fonctionne à la tendresse »

« Pour moi, Resnais c’est un pays merveilleux, ses films ont marqué ma vie » explique Hippolyte Girardot, un nouveau venu dans la bande, qui ne croit toujours pas à sa chance. Le producteur Jean-Louis Livi suit Resnais depuis trente ans et décrit un cinéaste « qui fonctionne à la tendresse, à l’affection, un homme d’une précision absolue, qui sait ce qu’il ne veut pas et qui n’est jamais dans le conflit. » Et dont la longévité sur tapis rouge s’explique par une « passion pour le 7eme art qui ne fait que s’accentuer avec les années ». Resnais, coquet, fait le modeste « je suis un bricoleur : on met des éléments face à face et on regarde ce que ça donne ». Comme des expériences, en somme, qu’il est curieux de voir aboutir. Il adore aussi les coïncidences, qu’il a tendance à voir partout. « Je parle plutôt d’intersignes, comme on dit en breton » sourit le réalisateur. D’ailleurs, le nouveau film d’Alain Resnais est déjà dans les tuyaux : « Aimer, voir et chanter », une nouvelle comédie, sera sans doute à Cannes dans une prochaine édition, et ce n’est pas fini. Le réalisateur avait dit, en 2009, que les films « poussaient chez lui comme des herbes folles ». Un jardin qui n’a pas fini de prospérer.

 

Claire Steinlen

 

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